1988 – Kestrel MXZ
Le premier VTT en fibre composite moulé réellement commercialisé. Une esthétique inédite à l’époque qui fait encore détourner le regard.
1988 Kestrel MXZ
- Conception : USA
- Fabrication : USA
- Catégorie : Rétro – Classique (1984-1989)
Fibres composites moulées
Bontrager Composite Jambes acier Cr-Mo – Té en aluminium usiné
Jeu de direction Shimano Deore XT M730
Potence Nitto Acier Cr-Mo
Cintre Nitto Aluminium
Pédalier Shimano Deore XT M730 – Plateaux Biopace 46-36-26 dts – Boîtier Shimano
Dérailleur Ar Shimano Deore XT M730
Dérailleur Av Shimano Deore XT M730 (Fixation directe sur le cadre)
Manettes Thumbshifters Shimano Deore XT M730 SIS
Cassette Sachs Maillard à visser 6V 14-30 dts
Étriers Shimano Deore XT M730
Leviers Lee Chi (Dia Compe SS5 design)
Tige de selle Strong carbon
Selle Sella Turbo
Jantes Mavic Oxygen
Moyeux Phil Wood
Rayons Inox
Pneus Michelin Hot
Blocages Shimano
Non. Les formes biscornues ne sont pas l’apanage des vélos modernes.
En général, un vélo se définit par le dessin filaire de ses tubes dans l’espace. Chez Kestrel, la rupture esthétique est totale puisqu’ici, on va plutôt apprécier ses volumes !
En effet, point de tubes métalliques raccordés chez Kestrel mais de la fibre de carbone moulée, dans le pur esprit des fabricants de planches de surf. En 1987, Le matériau est nouveau et ses qualités mécaniques sont peu connues. Donc, on n’hésite pas à rajouter des couches de fibres et à tout surdimensionner. Au passage, on surélève les bases pour augmenter le dégagement du pneu près du boîtier de pédalier et on obtient un vélo au design bizarroïde, inédit en 1988 mais finalement très actuel.
À la conception, deux anciens employés de chez Trek, Tom French et Bevil Hogg. Deux visionnaires convaincus que les matériaux composites seront l’avenir du vélo : l’actualité leur donnera raison. Kestrel débute donc son activité dans la Silicon Valley dès 1987 (après avoir racheté le nom Kestrel à Merlin MetalWorks dans un premier temps) et développe ses vélos entièrement moulés et sans raccords avec Brent Trimble. Au début, la concurrence rigole mais les cadres, testés chez Schwinn, dépassent les 800000 cycles de pédalage et de vibration sans céder (alors que les cadres métalliques classiques cèdent autour des 300000 cycles…). Toujours en quête d’innovation, Kestrel ira encore plus loin en proposant le Nitro, premier VTT composite entièrement suspendu de l’histoire, élaboré avec Keith Bontrager pour la géométrie et Paul Turner, créateur de Rock Shox pour les suspensions. Cette fois-ci, les ricanements ont cessé pour laisser place à de l’admiration.
Aujourd’hui encore, les formes tout en courbes du MXZ attirent les regards. Certes, le mélange de verre -carbone et Spectra n’égalent pas les performances des fibres actuelles. Pourtant équipé avec du matériel de 1988 plus robuste que light (groupe Shimano XT M730 complet, jantes Mavic Oxygen et fourche Bontrager composite), le vélo dépasse à peine les 13kg , véritable exploit pour l’époque. À son guidon, la machine est plutôt vive et précise grâce à la rigidité extrême de la machine. Les démarrages sont directs et les montées s’avalent même avec facilité. Mais gare aux terrains accidentés. Le MXZ restitue tout ce qu’il reçoit : la puissance de pédalage pour notre bonheur mais aussi le moindre choc ou vibration en provenance du sol avec les ruades, pertes d’adhérence ou de trajectoire associées. Inutile de chercher la moindre once de souplesse : le Kestrel MXZ est une barre à mine, un vélo sans compromis digne des premiers VTT carbone. Vététistes douillets s’abstenir.
Mythique, le Kestrel MXZ n’eut pas le succès commercial qu’il eut mérité. Un coût de production trop élevé (en 1990, le Kestrel se négociait à plus de 10000Frs cadre/fourche chez MBK, l’importateur français) , une dégaine trop décalée ou trop en avance sur son temps… Kestrel se résolut à changer son fusil d’épaule et proposa le CSX au design plus classique, et sans les bases relevées (concept dont la marque revendiquait la paternité.)
Néanmoins, le Kestrel MXZ sera le vélo qui marquera l’entrée de la fibre de carbone dans l’univers du Mountain Bike. Même si les VTT en carbone de Raymond Crozet ou de Ben Trimble lui sont antérieurs, le Kestrel sera la premier à être réellement commercialisé, ouvrant une nouvelle ère technologique dans l’histoire du cycle en général : celle des matériaux composites. Aussi, Kestrel existe toujours et maintenant, il n’est plus le seul à travailler la fibre noire. Mais à la différence des autres, Kestrel restera le pionnier, avec une expérience inégalable.
Références : Mountain Bike Action : 04 Avril 1989 • Mountain Biking UK Vol 2 septembre 1989 • VTT Magazine n°6 – Vélovert n°6 Juin 1990 – MOMBAT – Museum of Mountain Bike Art & Technologie
Photos & textes ©Génération Mountain Bike – mars 2018